EDITO
Les palais du futur sont à reconstruire
Les ruines sales gardent les mystères des tombes propres et peintes. Parfois une silhouette. Parfois une ombre. Souvent le silence de la ville. Au loin des chants tristes et énervés. Alcool. Les morts ont des tombes qui envahissent les maisons et les palais. La mémoire repose sur eux. Pas celle de l’histoire, celle d’un au delà que les cadavres font vivre aussi longtemps que la mémoire des familles et des gardiens du culte les célébre. Le Roi de la Nuit comme dans un conte n’en finit pas de revenir s’assoir, là, presqu’à côté de soi.
La poudre a envahi la ville. Les esprits se laissent aller depuis que la cloture de logique est tombée comme le Mur. Les maisons cimetières continuent de parler à ceux qui passent en croyant visiter une architecture. Les sanctions ocultes tombent, dérisoires. La mort est dérisoire. La peur est dérisoire. L’espoir devient une façade. La force et le courage, une fosse.
Le Nord est perdu à nouveau entre les intrigues immergées d’une côte qui perd chaque jour du terrain. La mer est violente. Le complot fait trembler tous les esprits. La folie est proche. Les ruines ne cessent de parler. Les stands de whisky, de gin et de bière sans discontinuer le long de la route n’apportent au passant plus qu’un surplus d’ivresse. Le sourire grince. La lune apparait entière tandis que les rites du jour se sont tus.
Les blancs et les esclaves ne viendront pas ce soir, la fête ne peut pas commencer. Reviendront-ils un jour ? Peut-être seulement la fête des discours d’une mauvaise conscience obscure et du papier imprimé vérité de pacotille, court à travers le monde pour raconter une drole d’histoire : celle où une union facile de la couleur pourrait faire oublier l’Histoire.
Dieux de la folie, de la guerre et de l’amour, pourquoi vous faites vous entendre ainsi ? Les jumeaux ne se reconnaissent plus, les palais confondus en musées étouffent de tant d’hypocrisie. Les carosses roulent entre deux métaphores de gisants et d’exclus. Les frontières sont trop proches. Et les langues bavardes n’ont jamais eu rien à dire.
Les maisons, demain, seront reconstruites.
par Jean Loup Pivin
sommaire du RN 18 :
ART / BÉNIN / Georges Adeagbo, Romuald Hazoumé, C'est l'Avenir Zinsou, Kouas Gnonnou, Dakpogan, Santos, Aplogan, Gratien Zossou, Meschac Gaba, Tchif, Zinkpé, Biokou, Cyprien Tokoudagba, Yémadjé, Amidou Dossou, Eloi Lokossou, Yves Apollinaire Pédè, Hélène Delprat
PHOTO / BÉNIN / Pierre Fatumbi Verger, Babelle Dunglass, Sténopés
LITTERATURE / BÉNIN / Comlan, Camille Amouro, Florent Couao Zotti, Edwige Aplogan, Gratien Zossou
ARCHITECTURE PATRIMOINE / BÉNIN / Palais royal de Honmé à Porto Novo, vodoun
DESIGN MODE / BÉNIN / Pépita D.
ENTRETIEN MEMOIRE / BÉNIN / Breton, Bruno Asseray, Bruno Thircuir, Tola Koukoui
PHOTO / David Damoison, Racine Harouna Keita
Littérature / Hommage à Sony Labou Tansi
THEATRE / Johary, Bin Kadi So, Elian Bachimi, Théâtre Organique
CINEMA / 100 Ans de Cinéma d'Egypte, IMA
MUSIQUE / Tohon, Maika Munan, Boukan Ginen
LIVRES / Lamko, Tahar Bekri, Bernard Gardi, Mohammed Dib, NKA, Raw Vision, Vibrations, aRude, Ada, Black male, René Gardi
ACTUALITES du MONDE / Dak'Art 95, Philippe Ecanvil, Mickaël Bethe Sélassié, Frédéric Bruly Bouabré, Bodys Isek Kingelez, Irène Tassembedo, Ousmane Sow, Ass M'Bengue, El Anatsui
QUELQUES pages DU Magazine RN 18 :
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